Troisième et dernier fils de Jean François, seigneur de la Mirandole et de Concordia, Jean naît à Fossa près de Modèle (Italie). Destiné à l’Eglise, il part étudier le droit canonique à Bologne en 1477 mais quand sa mère meurt deux ans plus tard, il y renonce, abandonne le gouvernement de ses fiefs à ses frères et s’en va étudier.
Il parcourt pendant sept ans les plus célèbres universités de France et d’Italie. Il commence par l’université de Ferrare où au hasard d’un voyage à Florence, il fait la connaissance d’Ange Politien, de Girolamo Benivieni (poète de cour) et du moine dominicain Savonarole qui lui seront attachés tout au long de sa vie. Il poursuit sa quête de savoir à l’université de Padoue entre 1480 et 1482. Après avoir étudié le latin et probablement le grec, il s’attaque à l’Hébreu et à l’Arabe. Partageant son temps entre la fréquentation de centres humanistes italiens, et la rédaction d’écrits et de sonnets (détruits à la fin de sa vie), il part à l’Université de Paris en 1485. On suppose que c’est à cette période qu’il entame la rédaction de ses « 900 thèses » qu’il désirera défendre en Italie lors d’un débat public. Un an plus tard, il est de retour à Florence et fait la connaissance de Laurent de Médicis et Marsile Ficin.
En partant pour Rome dans le but de publier ses « 900 thèses », il est au cœur d’une intrigue amoureuse dont il ne tient son salut que par l’intervention de Laurent Médicis dont la loyauté et l’affection lui sont à jamais acquis. Jean Pic de la Mirandole, blessé dans cette affaire, passe plusieurs mois à Pérouse et à Fratta, et profite de sa convalescence pour lire des livres chaldaïques et s’initier à la Kabbale. Selon lui, on ne peut pas faire le tour d’un sujet si l’on ne l’a pas regardé sous plusieurs angles. De nature éclectique, ses amis le surnommaient « Princeps concordiae » (Prince de la concorde), tentant de réconcilier les adeptes de Platon et ceux d’Aristote car selon lui, les deux philosophes exprimaient les mêmes idées avec des mots différents. Dans le même esprit, il encourageait la lecture de sources hébraïques, talmudiques et hermétiques qui présentaient, pour lui, la même image de Dieu que l’Ancien Testament.
En décembre 1486, il publie ses « 900 thèses » annexées de son « Discours sur la dignité de l’homme ». Dès février 1487, le pape Innocent VIII interdit le débat proposé et condamne treize de ses thèses, considérées comme hérétiques. Jean Pic de la Mirandole consent à les retirer et décide de les intégrer dans une « Apologie », mais il est encore contraint de renoncer à ce projet.
S’enfuyant en France en 1488, il est rattrapé et emprisonné à Vincennes. C’est encore une fois grâce à l’action de Laurent de Médicis qu’il peut revenir à Florence et vivre sous la protection de ce dernier. Il faudra attendre 1493 pour que Jean soit libéré des censures et des restrictions (avec l’accession d’Alexandre VI à la papauté). Il s’installe alors à Fiesole et rédige quelques ouvrages. A la mort de son protecteur, il part à Ferrare (1492) et fréquente Florence malgré l’instabilité politique que la ville connait et qui accroît l’influence de son ami et maître Savonarole. Devenu son discipline, il meurt en 1494 à l’âge de 31 ans, empoisonné à l’arsenic par son propre secrétaire : un meurtre commandité par la famille Médicis qui ne tolérait pas son rapprochement avec Savonarole.
Patricia I.