La Gestalt Thérapie est une thérapie psychocorporelle qui, schématiquement, contribue à obtenir une vision globale de soi-même pour mieux comprendre comment l’on fonctionne. Cette approche holistique est parfaitement illustrée par une petite phrase célèbre : « le tout est supérieur à l’ensemble des parties », qui définit aujourd’hui toutes les thérapies holistiques dont la gestalt fait partie.
Née sous l’impulsion de Friedrich Perls (dit Fritz), un psychanalyste émigré aux Etats-Unis en 1946, cette méthode est à l’image de son créateur, exprimant spontanément et sans restriction ce qu’il ressent. Marginal, Fritz Perls publie sa Gestalt Therapy en 1951, mais, ce n’est qu’après la parution dans la magazine Life, en 1968, d’une photo en couverture de F. Perls, que le succès arrive enfin. Sous le titre : « Voici un homme qui vit dans l’authenticité absolue et incarne ce qu’il professe », le magazine attise ainsi une envie, assez exacerbée à l’époque, de trouver de nouvelles valeurs. Dès lors, les stages se multiplient et la Gestalt thérapie fait enfin parler d’elle.
Inspirée des approches psychanalytique et existentielles, elle s’intéresse aux relations de l’individu avec son environnement et tend à rétablir un contact juste et fluide entre eux. « Gestalt » vient du verbe allemand Gestalten, qui veut dire « mettre en forme, donner une structure ». Basée sur les émotions et la créativité, elle s’intéresse au présent de la personne. Contrairement aux autres thérapies, le passé est vraiment secondaire. Le Gestalt thérapeute est attentif à l’expérience de contact avec la personne, dans ses dimensions, à la fois, corporelles, affectives, sensitives, mentales et à ses besoins (désirs, fantasmes, ressentis, émotions). Chaque expérience contient donc des éléments du passé (souvenirs) associés à des éléments du futur (anticipations, projets).
Pour expliquer les origines des problèmes, la Gestalt Thérapie réhabilite le ressenti émotionnel et corporel et accueille ce qui émerge « maintenant » pour pouvoir mettre en perspective, le passé, le présent et l’avenir. Il s’agit, ici, de favoriser la prise de conscience, par le patient, de sa façon d’être en relation avec :
– lui-même : ses sensations corporelles, sa respiration, sa posture, ses ressentis, ses émotions, son anxiété, etc.
– les autres : ses blocages, ses répétitions, ses inhibitions, ses ressources, sa facilité d’approche, etc.
– l’environnement : est-il introverti, extraverti, curieux, etc.
L’idée directrice de cette thérapie est que tout blocage a un sens et une fonction pour l’individu : il ne s’agit pas de le supprimer, mais de savoir comment l’utiliser au mieux et positivement, pour parvenir à éviter la « situation problématique ».
Concrètement, la Gestalt Thérapie se déroule en trois étapes. La première consiste à mettre des mots sur le problème et établir une relation de confiance entre le thérapeute et le patient. Puis vient la phase de l’expérimentation où, confronté à des situations, l’individu va prendre conscience de l’origine de ses difficultés et expérimenter des solutions nouvelles. La dernière étape concerne le temps de l’assimilation, pour découvrir ce que l’on va faire avec ses nouveaux ressentis.
La Gestalt Thérapie peut se réaliser en groupe ou de manière individuelle. Dans le cadre d’une démarche collective, les gens se connaissent et se retrouvent régulièrement. A chaque session, après un moment utile, pour la reprise de contact, une personne du groupe confie une de ses difficultés et c’est l’ensemble du groupe qui se met au travail. Ainsi, à l’issue de la séance, chacun peut y trouver un bénéfice.
Ce processus « ajustement créateur » – concept clé de la méthode – n’est pas destiné uniquement aux personnes souffrant de troubles d’ordre médical ou psychiatrique. Selon F. Perls « La Gestalt est une méthode trop efficace pour n’être réservée qu’à des malades ». La Gestalt Thérapie est d’ailleurs davantage considéré comme un art de vivre, voire comme une philosophie existentielle.
Patricia I.