Le sentiment d’efficacité personnelle (SEP) est la croyance d’un individu à atteindre un objectif. La majorité des théories sur l’apprentissage suggère l’accomplissement d’une action pour faire l’expérience de ses conséquences et ainsi apprendre. Albert Bandura, psychologue canadien né en 1925, va au-delà de cette réalité en ajoutant à ces expériences directes, celles réalisées par les autres, sur une base vicariante. Il s’agit de l’apprentissage par observation ; l’opportunité de pouvoir voir un individu « similaire » à soi exécuter une action qui constituera une source d’information importante, influençant la perception d’auto-efficacité. Cela vaut aussi bien pour les adultes que pour les enfants, dans le domaine professionnel ou scolaire.
Le recours à l’apprentissage vicariant permet l’apprentissage de l’auto-évaluation et celui de la gestion de ses propres apprentissages. L’observation d’individus plus avancés permet d’avoir une idée plus précise des tâches à accomplir ; ce qui paraissait inaccessible au départ, ne l’est plus. De ces observations, l’individu dresse des règles de gestion, en commençant tout d’abord par les apprentissages plus « faciles », pour continuer vers les plus « ardus » ; ce qui va lui permettre de se mettre à la hauteur des tâches, qu’il ne pensait pas pouvoir faire de prime abord.
Il existe quatre sources d’information permettant de construire et modifier le sentiment d’auto-efficacité. En fonction de chacun, du moment et du contexte, l’individu s’appuiera plus ou moins sur ces quatre éléments :
– L’expérience active, fondée sur la maîtrise personnelle des tâches est la source la plus influente. Le meilleur moyen de développer ce sentiment d’efficacité personnelle (SEP) est de vivre soi-même des expériences réussies et maîtrisées.
– L’expérience vicariante ou indirecte permet à travers la comparaison sociale / l’observation d’influencer et renforcer sa propre croyance. Mais l’observation d’un échec peut également remettre en doute sa propre efficacité.
– La persuasion orale, les encouragements par exemple, peuvent accroître ce sentiment mais il faut qu’il s’inscrive dans la réalité – un challenge irréaliste peut provoquer l’effet inverse.
– Et enfin, les états physiologiques et émotionnels jouent également un rôle : si l’individu associe un état émotionnel à une situation cela peut induire un comportement. L’anxiété chez un individu avec un faible SEP pourra conduire à l’échec tandis que chez un individu ayant une certaine confiance en soi cela ne le perturbera pas. L’humeur affecte également les jugements sur l’efficacité personnelle.
Ainsi, les personnes à faible SEP ont tendance à éviter les situations perçues comme menaçantes où l’on pourrait les confronter à des tâches difficiles. Les conséquences de cette attitude mènent souvent au stress et à la dépression : la marque de la déficience d’aptitude ou le moindre échec entame la confiance en soi.
A l’inverse, un SEP élevé augmente l’accomplissement et le bien être personnel. L’assurance générée transforme les difficultés en « paris » à réussir ; renforçant par la même occasion l’intérêt de la tâche et l’implication. Les échecs sont alors perçus comme un manque d’effort et de connaissances qu’il faut pallier pour avancer.
Les recherches montrent que le niveau optimal de sentiment d’auto-efficacité est un peu au-dessus des capacités réelles, ce qui encourage la personne à s’attaquer à des tâches difficiles et à acquérir de l’expérience.
Patricia I.