Élément à fortes symboliques, l’ouroboros est un serpent ou dragon représenté en train de manger sa propre queue, et dont le tout forme un cercle.
On trouve ses premières traces vers 1600 ans avant Jésus-Christ en Ancienne Egypte. Puis, avec les Phéniciens, qui par le biais de la route de la soie, ont amené l’ouroboros aux Grecs qui lui donnèrent son nom (« le dévoreur de queue »). Repris plusieurs fois par différentes cultures, il apparaît également dans les mythologies. Dans la mythologie nordique, il correspond au serpent Jörmungand – un des enfants de Loki – qui était tellement large qu’il pouvait encercler le monde et mettre sa queue entre ses dents. Dans la mythologie indienne, il encercle la tortue supportant les 4 éléphants qui tiennent le monde. Dans la mythologie aztèque, nord-américaine ou australienne, l’ouroboros apparaît également sous le nom de Waagal, Wagyl ou Yurlungur.
Même si dans la majorité des cultures, l’image de l’ouroboros est positive ; certains considèrent le serpent comme le symbole des forces du mal, en référence notamment à celui qui a séduit Eve dans le Genèse. Pour les adeptes satanistes, le serpent, en s’inoculant son propre venin, parvient à la sagesse : il absorbe des connaissances fondamentales. Pour toutes les autres, l’ouroboros a plusieurs sens qui s’entremêlent les uns aux autres, mais qui sont globalement bénéfiques.
Cet ancien symbole est avant toute chose la marque d’un cycle d’évolution refermé sur lui-même : les notions liées sont celles du mouvement, de la continuité, de l’autofécondation et par voie de conséquence, elles mènent à l’idée directrice d’un éternel retour. Attaché à l’ouroboros, il y a également la symbolique du paradoxe ; d’autant plus évident, lorsque le serpent est représenté à moitié et à moitié blanc. A l’image du Yin et du Yang chinois, du jour et de la nuit, du bien et du mal, il s’agit d’y voir l’association de deux principes opposés, la nature dualistique de toutes choses, qui ne traduit pas pour autant l’idée de conflit.
L’ouroboros est également associé à l’Alchimie où il représente un sceau purificateur. Il symbolise l’éternelle unité de toutes choses, incarnant le cycle de la vie et de la mort. On doit à Zosime de Panopolis, l’un des plus anciens auteurs traitant de l’alchimie, la formule : « Un [est] le Tout, par lui le Tout et vers lui [retourne] le Tout ; et si l’Un ne contient pas le Tout, le Tout n’est rien » (Un étant le serpent).
Selon Carl Gustav Jung, l’ouroboros est un Archétype, une représentation consciente qui peut varier considérablement dans les détails sans perdre son schéma fondamental. Le symbole revient alors dans notre esprit sous des formes variées. C’est ainsi que le chimiste allemand August Kekulé, qui cherchait la structure moléculaire du Benzène, rêva une nuit d’un serpent en train de manger sa queue. L’interprétation de son rêve l’a conduit tout naturellement, à la structure d’un anneau fermé de carbone, une avancée significative dans ses travaux.
Très ancien symbole, l’ouroboros est communément admis comme une marque d’unité, de perfection, d’éternité et de mouvement. Aujourd’hui, il inspire une belle allégorie des relations économiques et sociales avec ses cycles tendant à la perfection ou, à une échelle plus individuelle, il est une source d’inspiration pour éviter tous problèmes qui se mordent la queue…
Patricia I.