L’un des praticiens les plus novateurs de son époque
Né le 10 novembre 1493 près d’Einsiedeln (Suisse), Théophraste Bombast von Hohenheim perd sa mère peu de temps après sa naissance. Souffrant de manque, il reste longtemps d’une nature fragile. Elevé par son père, médecin, qui lui inculque le goût de l’étude et de l’observation, il court la campagne environnante et étudie les plantes, les minéraux pour en découvrir leurs vertus (non encore codifiées).
A l’âge de 9 ans, son père s’établit dans la ville minière de Villach offrant ainsi à son fils un nouveau terrain d’étude. Etudiant chez les Pères, le garçonnet souffreteux se transforme peu à peu en adolescent volontaire et sur de lui. Très vite, il associe ses connaissances concrètes et pratiques à ses savoirs théoriques, appris à l’école. Et après les plantes, c’est la valeur et la richesse des métaux qu’il tente de découvrir. En habile expérimentateur, il en décèle rapidement les vertus thérapeutiques.
Intuitivement et malgré son jeune âge, Théophraste ressent un monde de correspondances, d’interactions : un petit signe qui trahit l’union entre deux choses – une maladie et son remède. C’est à la même époque qu’il décide de latiniser son nom : Paracelse.
Après des tentatives décevantes d’études supérieures où les savoirs livresques ne lui procurent aucune satisfaction, il devient l’élève de l’Abbé Tritheim. Ce moine bénédictin s’intéresse à certains courants que l’Eglise qualifie d’hérétiques. Malgré la dangerosité à suivre ces voies interdites, il aspire à l’unité du monde et à l’évolution de l’homme vers une spiritualité plus forte. Imprégné de cet enseignement, Paracelse le quitte en 1515 et commence un long voyage, avide de connaître les grands esprits de son temps. L’Italie, Genève, la Portugal, l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, Venise, Strasbourg lui donnent l’opportunité d’améliorer ses connaissances par l’étude et l’expérimentation et en relatant le fruit de ses découvertes dans ses écrits.
Sa réputation conduit le grand éditeur bâlois Froben à l’appeler à son chevet : avant de pratiquer l’amputation d’une de ses jambes, il laisse Paracelse exercer son art. Ayant à la fois réussi à sauver sa jambe et à lui en rendre partiellement l’usage, il parvient également à soigner les troubles hépatiques d’Erasme. Grâce à l’influence de ces deux nouveaux amis, il est nommé médecin municipal à Bâle. Bénéficiant également d’une chaire de médecine, il commence ses cours en 1527 en allemand et sans le décorum vestimentaire : une révolution accueillie avec enthousiasme par les étudiants.
Rejetant la philosophie scolastique qui répartit l’univers en catégories, il prône davantage la tradition hermétique où l’homme et l’univers sont unis dans une synergie parfaite. L’interaction entre l’environnement et l’homme est constante et notre entité spirituelle, sujette à l’influence des autres hommes.
Etudiant l’épilepsie dont il rejeta toute notion diabolique, il commence à distinguer l’inconscient du conscient. Dans sa pratique thérapeutique, Paracelse enseigne que « les semblables guérissent les semblables… » suivant ainsi la règle de la similitude. Précurseur de l’homéopathie et de la thérapeutique magnétique – utilisant l’aimant contre certaines maladies, toutes ces découvertes conduisent à le considérer comme le plus grand novateur de l’histoire médicale occidentale. Mais ses remous dressent contre lui les médecins bâlois qui le contraignent à l’exil.
En 1528, il s’installe à Colmar puis à Esslingen un an plus tard. En marge de ses consultations et expérimentations médicales, il s’adonne à l’occultisme et à l’alchimie. Même si les expériences demeurent fondamentales pour Paracelse, la magie permet de développer l’intuition spirituelle. A la mort de son père en 1534, il reprend ses voyages et ses écrits dont le plus étrange est « Pronostications » qui prédit la Révolution française et la chute de la monarchie absolue…
Il meurt à Salzbourg le 24 septembre 1541 ayant connu la gloire et la reconnaissance de ses pairs.
Patricia I.