Un koan est un ensemble de mots qui se présente sous la forme d’une aporie, autrement dit, une contradiction insurmontable par le raisonnement intellectuel. Généralement court, il n’excède pas une quinzaine de lignes et tient parfois en quelques mots. Il peut également prendre la forme d’une discussion.
Traditionnellement, le koan n’est pas une devinette ou encore une énigme mais un paradoxe sur lequel il faut travailler et délaisser son appréhension habituelle des choses pour avancer dans sa compréhension.
La tradition Chan, apparue en Chine aux alentours du VII° et VIII° siècle, connaît un grand développement sous les dynasties Song, relayant ainsi toutes les autres écoles bouddhistes au second plan. Prolixe, la littérature de cette période témoigne, pour l’essentiel, d’entretiens entre moines chinois. Ces historiettes sont connues sous le nom de Gongan.
Le terme Gongan – ou koan, prononcé à la Japonaise- est issu du vocabulaire juridique de la Chine ancienne. Il désignait les décisions officielles qui faisaient force de loi. Les moines chinois considéraient ces dialogues comme des expressions d’éveil qui renouvelaient la parole bouddhique.
Ce sont lors de leur pèlerinage – une pratique fondamentale du bouddhisme chan – que les moines allaient visiter un ou plusieurs maîtres, dans le but de trouver un éveilleur. Qu’il soit établi dans un monastère, dans un temple plus modeste ou vivant comme un ermite, le maître devait pouvoir bouleverser le pèlerin par sa seule rencontre mais aussi par sa parole.
Eric Rommeluère – membre de l’Association Un Zen Occidental – explique : « Selon l’expression zen, chacun recherche la parole vive, celle qui le transpercera totalement et le fera accéder à l’éveil intérieur. Les koan sont souvent remplis de formules déroutantes, inattendues et même paradoxales. Le caractère conventionnel du langage doit être dépassé au profit d’une parole vive qui ouvre sur une dimension d’éveil ».
Une fois dite, la « parole vive » est étudiée par le méditant jusqu’à atteindre le satori – l’éveil intérieur, la compréhension.
En chine, la tradition Chan s’est rapidement scindée en plusieurs sous-écoles, mais les distinctions relèvent surtout d’un style d’enseignement ou une diction différentes. L’une d’entre elles est menée par Línjì Yìxuán, fondateur de l’école Rinzai du bouddhisme Chan durant la dynastie Tang.
Dans l’école Rinzai, cinq catégories de koan (de plus en plus difficiles) sont distinguées :
- Hosshins koan : aident le pratiquant à découvrir la nature du Bouddha et à se familiariser avec elle
- Kikan koan : dépassent le dualisme
- Gonsen koan : approfondissent les enseignements des anciens maîtres
- Nanto koan : sont les koans difficiles.
- Go-i koan : ou koan des cinq degrés.
Certains koans peuvent être commentés mais le commentaire n’apparaît pas ici comme une aide à sa compréhension mais comme une piste à suivre dans son appréhension : c’est à chacun d’y trouver un écho personnel afin de parvenir à son éveil. Parfois, un moine peut passer toute sa vie sur la méditation d’un seul koan.
Patricia I.